dimanche 11 septembre 2011

La machine à frissons

La langue, comme performance de tout langage, n'est ni réactionnaire, ni progressiste ; elle est tout simplement : fasciste ; car le fascisme, ce n'est pas d'empêcher de dire, c'est d'obliger à dire.

Si l'on appelle liberté, non seulement la puissance de se soustraire au pouvoir, mais aussi et surtout celle de ne soumettre personne, il ne peut donc y avoir de liberté que hors du langage. Malheureusement, le langage humain est sans extérieur : c'est un huis clos.

...il ne reste, si je puis dire, qu'à tricher avec la langue, qu'à tricher la langue. Cette tricherie salutaire, cette esquive, ce leurre magnifique, qui permet d'entendre la langue hors-pouvoir, dans la splendeur d'une révolution permanente du langage, je l'appelle pour ma part : littérature.

C'est chouette, ça, c'est Barthes.
On ne peut faire autrement que parler, et parler enferme ; alors il faut parler autrement, tordre la langue qui n'est pas faite pour ça jusqu'à ce qu'il en sorte quelque chose d'imprévu, comme du jus, ou du sens. Alors un petit peu de lien se tisse. etceci, comment le faire, sinon avec une langue qui s'enracine très profond, bien plus en dessous encore que la conscience.
Je suis monolecte, c'est un handicap un peu ridicule, je sais. Mais à un moment de ma vie, au moment où j'aurais pu apprendre d'autres langues, je me suis dit que seulement en celle là je pourrais détecter les frissons qui la parcourent.
En cela, la langue, non pas comme édifice de grammaire mais comme instrument résonateur, me fonde. Avec ceux qui la parlent, nous partageons des frissons.

4 commentaires:

Lucas a dit…

Réponse à la critique de tout à l'heure au Masque et la Plume ? ;)

Ce qui décrédibilise un peu ces gens c'est quand même ce côté "on insiste bien sur le fait que ce Jenni est provincial, on dit pas que c'est un défaut hein mais on le dit quand même, il est PROVINCIAL et pas parisien et il ose être un écrivain alors c'est énervant", bon je caricature exprès mais eux aussi caricaturent.

Lucas, lecteur et libraire

jalexis a dit…

Oh...réponse....réponse....
On peu répondre à un avis donné après lecture....mais une opinion assénée après rapide feuilletage, qu'en faire ?

Lucas a dit…

Bien d'accord, ce qui m'a surtout désolé c'est que personne ne semble n'avoir grand chose à faire de la thématique du Dessin. Pauvre Dessin, les gens te préféreront toujours les mots. C'est plus facile à circonscrire, les mots.

Chastagnol a dit…

J'ai le même handicap, si c'en est un. Cela me fait penser à ce qu'écrit Antonin Artaud dans une lettre à Jacques Rivière : "Je suis celui qui a le mieux senti le désarroi stupéfiant de ma langue dans ses relations avec la pensée. Je me perds dans ma pensée en vérité comme on rêve, comme on rentre subitement dans sa pensée. Je suis celui qui connait les recoins de la perte."