mercredi 16 décembre 2009

La mixité, personne n'en veut


Je griffonnais le voisin, mais je pensais à toute autre chose. A un conte des temps du libéralisme. Savez vous que la carte scolaire est en train de disparaître? La carte scolaire, c'était l'obligation d'être dans l'école de son périmètre, sauf dérogation. D'où les options rares, qui permettaient de déroger. Cette obligation va disparaître. Le ministre de l'époque se justifiait par un sondage dont la question était : "Voulez vous mettre vos enfants dans l'école de votre choix ? "...la réponse était massivement oui. Bon. J'en voyais aussitôt les effets pervers. Mais on n'en parlait guère. Sarkozy affirmait qu'il allait demander aux établissements scolaires de préserver la mixité sociale. Récement, on s'est aperçu que les collèges et lycées difficiles perdaient leurs élèves, au profit d'établissement moins difficiles. Récemment, le nombre de contentieux augmente, dus aux parents qui ne comprennent pas que leurs demandes ne sont pas acceptées. Là où on va rire, c'est quand les cancres des beaux quartiers seront refusés dans leurs bons lycées de secteur...et devront aller ailleurs. Parce que le résultat de cette mesure, c'est que les bons vont aller dans les bons lycées, qui deviendront bons, et les moins bons dans les moins bons lycées qui veulent d'eux...et qui deviendront moins bons. On pourra en effet mettre son enfant dans l'établissement de son choix, s'il est accepté, s'il y a de la place. Et il n'y a aucune obligation de mixité sociale, parce que personnen n'en veut, et qu'on ne se mixe que par obligation. Ce ne sont que des promesses. Juste un siphonnage des bons élèves des quartiers difficiles vers de meilleurs établissements. Foire d'empoigne en perspective, et catastrophe scolaire. Je me demande pourquoi ce désastre là, pourtant évident, n'est pas davantage commenté. Mais je crois que tout le monde se tait, au nom d'une notion toute idéologique et libérale de la liberté, et espère faire partie des élus. Un peu comme les banquiers, quoi : tout le monde savait que l'on allait dans le mur, mais chacun espérait que le désastre arrive après sont enrichissement. Etre de gauche, disait Deleuze, c'est voir le monde avant soi; de droite, c'est le contraire.

1 commentaire:

Cécile Quéau a dit…

Wow... J'ignorais tout de cette affaire, depuis ma Bruxelles autremonde. Merde...